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Allocutions

Webinaire IA et intégrité de l’information

Allocution de : Jean-François Blanchet, directeur général des élections

Événement : Webinaire IA et intégrité de l’information : les défis de la résilience électorale dans un monde numérique, organisé par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) le Forum sur l’information et la démocratie

Lieu : En ligne

Date : 18 avril 2024

Thème 1 : Les défis de la résilience électorale dans un monde numérique

Lors des dernières élections générales au Québec qui ont eu lieu au mois d’octobre 2022, Élections Québec a mené une veille, ou monitoring, visant à détecter les affirmations fausses, trompeuses ou inexactes. Une analyse globale de la mésinformation pendant la campagne électorale a été conduite en parallèle par notre partenaire universitaire, l’Observatoire de l’écosystème médiatique de l’Université McGill.

Notre analyse, tout comme celle de notre partenaire universitaire, a montré que la mésinformation a eu relativement peu d’impact sur l’élection. Un volume relativement important d’affirmations fausses ou inexactes a circulé sur les médias sociaux durant la campagne et après l’élection, mais celles-ci sont généralement demeurées concentrées au sein de communautés spécifiques, dans des cercles restreints. Par ailleurs, le degré de gravité de tous les incidents détectés par notre analyse était faible.

La plupart des affirmations problématiques ciblaient le processus électoral ou les électeurs. Peu d’entre elles ciblaient Élections Québec directement. Ces constats sont rassurants. Toutefois, nous ne devons pas tenir cela pour acquis, car le Québec n’est pas complètement à l’abri du défi de la désinformation en contexte électoral.

Les élections sont des périodes particulièrement vulnérables à la désinformation. Comme vous le savez, l’organisation d’une élection exige la réalisation d’une série d’activités complexes dans des délais très serrés. Les élections impliquent une diversité d’acteurs, l’embauche de plusieurs milliers de travailleurs électoraux temporaires et le déploiement de plusieurs milliers de lieux de vote sur l’ensemble du territoire. Cette complexité amène inévitablement son lot d’imprévus et d’incidents qu’on cherche à atténuer le plus possible, mais qui sont impossibles à éliminer complètement. Certains acteurs vont chercher à exploiter cette incertitude.

La libre circulation des idées et le respect de la liberté d’expression sont essentiels à la tenue d’élections libres et justes. Toutefois, les discours qui cherchent à manipuler la perception des citoyens quant à l’intégrité du processus électoral ou qui nuisent à la qualité de l’information électorale peuvent entraîner des conséquences sur le bon déroulement du vote et l’exercice des droits électoraux. Les affirmations trompeuses qui nous préoccupent cherchent à décrédibiliser le processus électoral dans son ensemble ou certains éléments de celui-ci.

Ainsi, même si les discours trompeurs n’influencent pas directement le résultat d’une élection, ils peuvent avoir des effets négatifs sur le processus électoral, la perception des électeurs sur l’intégrité de l’organisme de gestion des élections, ainsi que sur la qualité des débats démocratiques.

Par ailleurs, les discours trompeurs peuvent nuire à l’exercice des droits électoraux en compromettant la qualité de l’information électorale et peuvent alimenter le cynisme et miner la confiance des électeurs envers le processus électoral.

Ainsi, on doit s’assurer que l’information électorale qui circule est fiable en corrigeant les affirmations fausses et inexactes. La tâche n’est pas facile, car les discours sont souvent ambigus et mélangent souvent le vrai et le faux. Ainsi, il peut être difficile d’informer correctement les électeurs sans alimenter la désinformation et jouer le jeu d’acteurs mal intentionnés.

En dehors de la période électorale, les équipes d’Élections Québec poursuivent leurs activités de veille et d’analyse afin de déceler les nouveaux risques auxquels nous pourrions faire face lors des prochaines élections générales, en 2026. Nous sommes conscients que le développement de l’intelligence artificielle générative facilite la production de contenus trompeurs et risque d’accélérer leur diffusion. C’est une évolution qui nous préoccupe. Nous étudions les solutions qui sont adoptées ailleurs au Canada et dans le monde afin de retenir celles qui seraient les plus appropriées au contexte québécois.

Par ailleurs, nous travaillons actuellement avec un consortium de recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle afin de comprendre ses répercussions potentielles sur les élections. L’objectif de ce partenariat est aussi d’utiliser le potentiel de l’intelligence artificielle de façon positive. Elle pourrait, par exemple, soutenir nos efforts de surveillance de l’intégrité de l’information électorale sur les médias sociaux.

Thème 2 : Société civile, États et régulateurs, acteurs de l’intégrité de l’information

Élections Québec a déterminé une série de mesures qui visent à assurer l’intégrité de l’information électorale et à réduire le plus possible les répercussions des affirmations fausses ou trompeuses sur le processus électoral. Ces mesures se répartissent en quatre grandes orientations.

La première orientation vise à améliorer l’état de préparation d’Élections Québec. Les mesures qui sont mises en œuvre ont comme objectif d’améliorer notre compréhension du phénomène. Elles visent à renforcer notre capacité de détection des affirmations fausses ou trompeuses sur le processus électoral et, surtout, à s’assurer que nous soyons en mesure de réagir rapidement et adéquatement.

La seconde orientation vise à prévenir le recours à la désinformation en contexte électoral, c’est-à-dire à évaluer la pertinence de possibles adaptations du cadre législatif aux nouvelles réalités, si nécessaire.

La troisième orientation comprend des mesures qui veulent réduire la vulnérabilité des populations à la désinformation, notamment par le biais d’initiatives d’éducation à la démocratie.

Finalement, la quatrième orientation vise à accroître la transparence en rendant plus de données accessibles au public, en particulier celles qui concernent des sujets qui sont les plus susceptibles d’être mal compris par les citoyens ou d’être l’objet de désinformation.

La protection du processus électoral ne peut être uniquement l’affaire de l’organisme de gestion des élections, dont le mandat, les compétences et les capacités sont circonscrits par la Loi électorale. C’est pourquoi il faut établir des partenariats avec d’autres acteurs publics ou des organisations de la société civile, tout en maintenant notre indépendance, notre neutralité et notre impartialité.

Élections Québec a établi des liens avec les grandes plateformes afin de les informer des dates de scrutin et de faciliter le signalement de contenus qui contreviennent notamment à la Loi électorale. Ces plateformes jouent maintenant un rôle central dans la circulation de l’information et peuvent faciliter la transmission de contenus fiables. Il est donc essentiel d’établir des liens avec elles, mais il demeure difficile d’avoir leur pleine collaboration.

En somme, nous devons adapter nos façons de faire afin d’intégrer cette nouvelle réalité, nous assurer de développer nos compétences et nous doter des outils appropriés pour y faire face. Il faut nouer des liens avec des institutions qui font face à des défis similaires aux nôtres et échanger nos expériences respectives afin d’adopter les pratiques les mieux adaptées à notre contexte.

Permettez-moi de vous dire quelques mots sur le Réseau des compétences électorales francophones, le RECEF. Les enjeux de communication et de désinformation sont des sujets d’intérêt pour les organismes de gestion des élections. Nous avons d’ailleurs collaboré avec l’OIF sur différents projets dans les dernières années.

L’état de situation et les enjeux en matière d’environnement médiatique, d’information sur les élections et de désinformation potentielle sont très variés d’un pays à un autre. Dans cet univers, les cultures nationales, l’écosystème médiatique et les différentes langues nationales peuvent apporter des défis différents pour les organismes de gestion des élections des divers pays. Il n’existe pas une solution unique.

Néanmoins, nous croyons grandement à l’idée de partenariats avec les autres composantes de l’écosystème média de la société, principalement durant une campagne électorale. Dans un premier temps, nous pensons aux régulateurs des médias, aux médias qui vérifient les faits, ou encore des organismes de la société civile qui font de l’éducation civique et démocratique.

En octobre prochain, le RECEF réalisera un séminaire électoral international sur cette thématique : « Manipulation de l’information au cours du processus électoral à l’ère des médias numériques et réseaux sociaux : stratégies des organismes de gestion des élections ».

À ce séminaire, nous joindrons également une journée de formation afin de permettre aux organismes de gestion des élections de bien s’outiller pour favoriser la circulation d’une information de qualité et minimiser les répercussions de la désinformation et des messages haineux. L’OIF et le Réseau francophone des régulateurs des médias, le REFRAM, seront assurément des partenaires importants pour faire de cet événement un succès.